La vie non-fasciste

Rencontre du 28 novembre au 1er décembre 2024
Casa de la Filosofía – La Paz 1623
Montevideo – Uruguay

Comme ouvrage d’éthique – non de morale –, c’est ainsi que Foucault présente L’Anti-Œdipe, en tant qu’« Introduction à la vie non-fasciste ».
La vie non-fasciste ? La nommer ainsi a la vertu de ne pas la réduire ni la fixer à une seule forme de vie, bien que l’un de ses traits caractéristiques soit de ne pas tomber amoureux du pouvoir. Son « non- » est différent d’un « aller contre ». Alors de quel type de négation s’agit-il ?
En partant de l’ambiguïté du terme « fasciste », de son utilisation vague et généralisée, l’idée est de le problématiser sans prétendre parvenir à un consensus. Le fascisme – et il conviendra de préciser sa relation avec le totalitarisme – ne se limite pas à sa formation historique contre-révolutionnaire italienne ou allemande. Ni aux dictatures. Loin d’être statique, il subit des mutations.
Dans les démocraties républicaines se trouvent aussi des subjectivations fascistes des relations de pouvoir. Partout elles contaminent et prolifèrent, pas seulement dans les partis et l’Etat, aussi là où l’on s’y attend le moins. Nous souhaitons en particulier aborder les fascismes dont on fait l’expérience dans les communautés qui luttent contre l’état de choses existant, ceux qui traversent quotidiennement nos corps et nos habitudes, passant par une fascination à dominer ou par un désir pour cela même qui nous assujettit. Ceci dit, comment éviter aussi bien l’examen de conscience que la croisade culpabilisante ?
Il est urgent de penser quelles sont les manières d’agir, seuls ou avec d’autres, face à ce qui nous soumet, aucun assujettissement n’étant infaillible ni éternel ; situer les stratégies et formes de vie non-fascistes qui augmentent notre puissance, nous empêchant de sombrer dans la tristesse ; créer des complicités, avec qui conspirer éventuellement, en nous liant avec toute personne qui, où qu’elle soit – car tout mur contient des fissures – se questionne sur le monde dans lequel on vit.
Quelles sont, alors, les langues, les pratiques, les gestes, les valeurs, les érotismes et les sensibilités non-fascistes ? Quels rôles jouent ici l’autonomie, l’utopie, l’hospitalité, la relation avec les autres espèces, les parentés dépareillées, l’amitié, la liberté, la solitude, la désertion, l’anonymat, la mémoire et la fête ? Comment serait une philosophie, une politique, un art, une science, une clinique ou une psychanalyse non-fascistes ? De quelle façon le fascisme concerne-t-il l’identité, la classe, le genre, la race, la pensée, le désir et l‘inconscient ? Quelles expériences de vie non-fasciste y a-t-il dans les diverses cultures ? Quelle est la relation des nouveaux fascismes avec la souveraineté et la logique du capital ? Quel statut et quelle utilité trouve dans le présent la distinction entre fascisme et micro-fascisme ?
A partir de ces coordonnées, qui dessinent quelque chose de ce que notre époque nous force à penser, et depuis les résonances qu’elles suscitent, nous convoquons à prendre place, individuellement ou collectivement, dans la création d’un espace de rencontre pour mettre en relation des formes multiples et hétérogènes de voir, penser, sentir, vivre et lutter, et ainsi donner place à d’autres façons d’être au monde, en accueillant les différences dans la composition de nouveaux liens et affinités. L’invitation s’ouvre à :

quiconque résiste contre la capture de nouvelles questions par les anciennes manières de répondre

quiconque se situe dans une relationnalité qui ne s’épuise pas au mode humain ou au sujet

quiconque s’expose à engendrer des nouveaux possibles

quiconque s’aventure à l’intempérie

quiconque se risque à vivre avec le trouble.

Réception des propositions (interventions, exposés, tables de débats, causeries, ateliers, installations, performances, ciné-forum et autres formats) : jusqu’au 15 septembre 2024

Contact : vidanofascista@protonmail.com